En 2050, une France sans émissions
deCO2 ninucléaire?
Selon les experts de l’association NégaWatt, un scénario énergétique vertueux est possible
Sortir du nucléaire et réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre tout en
conservant un mode de vie moder- ne, c’est possible, selon NégaWatt. Cette association d’ingénieurs et d’experts des questions de l’éner- gie a publié, jeudi 29 septembre, son scénario de la situation énergé- tique française en 2050.
Elle avait déjà publié, en 2003 et 2006, deux scénarios fondés sur la recherche d’une solution énergéti- que passant par la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’abandon du nucléaire. Le scéna- rio présenté aujourd’hui, mis en chantier il y a plus d’un an, intègre une méthodologie beaucoup plus développée et de nouvelles préoc- cupations sociales.
« Habituellement, explique Thierry Salomon, président de NégaWatt, le monde de l’énergie part des ressources. Il faut inverser le raisonnement, en analysant d’abord les usages et les besoins. »
Les experts ont donc bâti leur modèle à partir des principaux besoins en énergie (chauffage, mobilité, éclairage et appareils élec- triques) qu’ils ont transposés par secteur d’activité (habitat, tertiai- re, transports, industrie et agricul- ture), cherchant dans chaque cas la meilleure solution énergétique.
La France consomme aujour- d’hui près de 3 000 térawatt-heu- re (TWh) d’énergie, dont près d’un tiers se dissipe sous forme d’eau chaude dans l’atmosphère ou dans les rivières, par les centrales thermiques. NégaWatt prévoit une diminution à moins de
1 000 TWh en 2050. La clé de cette performance réside dans une poli- tique plaçant l’accent sur la sobrié- té et l’efficacité énergétique.
Le principal gisement se situe dans le bâtiment, où une politique durable de rénovation thermique (au rythme de 750 000 logements traités par an) permettrait de rédui- re la consommation de 600 TWh.
« Réparabilité »
Le transport est aussi riche d’un fort potentiel d’économies, tant par des progrès techniques (consom- mation des véhicules ramenée à 2,5 l/100 km) que par la limitation de l’étalement urbain et la stimula- tion des transports « doux » (vélo, véhicules au gaz naturel) et collec- tifs. L’industrie peut aussi progres- ser, notamment en développant le recyclage des matériaux et la « répa- rabilité » des objets.
Le scénario envisage une ferme- ture progressive des réacteurs nucléaires qui s’achèverait en 2033, les énergies renouvelables – au premier rang desquelles le bois – prenant la relève.
L’exercice repose autant sur les évolutions techniques que sociéta- les. Il s’appuie aussi sur l’agricultu- re, notamment en promouvant la réduction de la consommation de viande, qui libérerait des terres pour la production de biogaz.
NégaWatt veut alimenter le débat politique de 2012. Il présente- ra, début octobre, son scénario au Parti socialiste et à Europe Ecolo- gie-Les Verts. Ainsi qu’à l’UMP et à d’autres, s’ils le désirent. p
Hervé Kempf



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D’ici à 2050, économies d’énergie et sources renouvelables compensent la chute du nucléaire et des fossiles
ÉVOLUTION DES SOURCES D’ÉNERGIE PRIMAIRE, en térawatts-heure
Energies renouvelables Pétrole Charbon
3 000
2 965
Uranium Gaz naturel
Sobriété
Efficacité (consommation)
Efficacité (production)
1 028 TWh
2000 2010 2020 2030 2040 2050
SOURCE : NÉGAWATT
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